Les « vendredis » intraduisibles : quand la traduction dit tout d’une culture

Actualités générales

L’un célèbre la Passion du Christ.
L’autre, la passion de consommer.
Et tous deux portent un nom qu’on ne traduit pas.

Good Friday : le “bon” vendredi d’un drame sacré.

En anglais, Good Friday désigne le jour où les chrétiens commémorent la crucifixion du Christ.
Un nom étrange, presque paradoxal. Comment ce vendredi de souffrance pourrait-il être bon ?

La réponse tient dans la culture anglo-saxonne : ici, good ne signifie pas “joyeux”, mais “saint”, “juste”, “rédempteur”. C’est un vendredi “bon” parce qu’il mène au salut.

Les langues ne reflètent pas seulement des mots, elles révèlent une vision du monde. Là où les francophones soulignent la douleur (Vendredi saint), les anglophones mettent en avant la finalité lumineuse : le bien accompli par le sacrifice.

Une même réalité, deux sensibilités.

Black Friday : le “vendredi noir” qu’on n’a jamais osé traduire

Quelques mois après Pâques, un autre “Friday” s’impose : le Black Friday.
Mais cette fois, plus de croix, plus de recueillement… seulement des paniers remplis et des serveurs saturés.

Le terme apparaît d’abord aux États-Unis dans les années 1960, à Philadelphie : la police parle alors d’un “vendredi noir” pour décrire le chaos dans les rues après Thanksgiving — embouteillages, foules, incidents.

Puis le marketing a tout changé : “black” devient la couleur de la rentabilité.
Et lorsque le concept arrive en France, le mot “vendredi noir” semble trop catastrophique, presque anxiogène.
Alors on garde l’anglais : plus vendeur, plus “américain”, moins culpabilisant.

Quand le langage révèle le marketing

D’un côté, Good Friday, le drame de la foi.
De l’autre, Black Friday, la fête de la consommation.
Deux “Fridays” devenus intraduisibles.

Et ce n’est pas un hasard.
Chaque mot transporte une charge émotionnelle, culturelle, symbolique.
Les traducteurs le savent : traduire, c’est arbitrer entre le sens et la sensation.

La morale linguistique

👉 En français, le vendredi évoque la Passion et le recueillement.
👉 En anglais, il évoque la rédemption… ou la réduction.

Les intraduisibles racontent ce que les cultures préfèrent mettre en avant :
– le tragique ou le salut,
– le symbole ou la promotion,
– le sacré ou le panier moyen.

Chez Alpis

Chez Alpis, nous savons qu’une traduction fidèle ne suffit pas. Il faut qu’elle soit juste — culturellement, émotionnellement, symboliquement.
Parce qu’entre un Good Friday et un Black Friday, il y a tout un monde…


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🧠 Le “Saviez-vous ?” — Origine des deux vendredis
📜 Good Friday
IVe siècle : le terme apparaît dans des textes religieux anglo-saxons.
“Good” dérive de l’ancien sens germanique : holy (saint) ou beneficial (salvateur).
En français, on choisit la tonalité sacrée : Vendredi saint.
🛍️ Black Friday
1961 : des policiers de Philadelphie utilisent “Black Friday” pour désigner le chaos post-Thanksgiving.
Années 1980 : les commerçants transforment l’expression en symbole positif : les comptes passent “dans le noir”.
En français, “Vendredi noir” sonne trop sombre… et le terme n’est jamais traduit.