IA et traduction : la fin de l’idylle ?
« Beaucoup de bruit pour rien ? »
Pendant plusieurs années, l’intelligence artificielle a été présentée comme la solution définitive aux problématiques de traduction. Rapide, peu coûteuse, disponible instantanément, elle devait rendre obsolètes les traducteurs humains et les agences de traduction professionnelles. Cette promesse a largement été reprise dans les médias, les discours marketing des éditeurs d’IA et les directions innovation des entreprises.
Pourtant, depuis 2024, un mouvement inverse s’observe clairement : des clients déçus de la traduction automatique reviennent vers des prestataires humains spécialisés. Non par conservatisme, mais parce qu’ils ont constaté, concrètement, les limites de l’IA appliquée à la traduction.

La fin de l’idylle avec l’IA ?
Traduction automatique et IA : une confusion persistante
Il est essentiel de rappeler une réalité souvent mal comprise : une IA de type LLM ne “comprend” pas un texte. Elle ne raisonne pas, n’analyse pas l’intention juridique, commerciale ou culturelle d’un document. Elle calcule des probabilités linguistiques à partir de corpus existants.
Cela fonctionne relativement bien pour :
- des textes simples,
- des contenus génériques,
- des phrases isolées,
- des besoins internes sans enjeu juridique ou réputationnel.
Mais la traduction professionnelle engage bien davantage. Elle implique :
- la précision terminologique,
- la cohérence sur des documents longs,
- la prise en compte du contexte culturel,
- la responsabilité en cas d’erreur.
Or, l’IA n’assume aucune responsabilité.
Les limites concrètes de la traduction par IA
Sur le terrain, les retours sont désormais récurrents. Les entreprises identifient :
- des contresens subtils mais juridiquement critiques,
- des traductions incohérentes d’un paragraphe à l’autre,
- des approximations sur des termes techniques ou réglementaires,
- des “hallucinations” linguistiques crédibles mais fausses.
Ces erreurs ne sont pas toujours visibles immédiatement. Elles apparaissent lors d’un contrôle juridique, d’une négociation internationale, d’un audit ou, parfois, trop tard.
C’est précisément ce caractère silencieux et insidieux qui pose problème. Une mauvaise traduction n’échoue pas toujours bruyamment. Elle peut fragiliser un contrat, altérer un message stratégique ou nuire durablement à une image de marque.
Même les éditeurs d’IA reconnaissent ces limites
Les principaux acteurs du secteur, dont OpenAI, reconnaissent explicitement dans leur documentation que leurs modèles peuvent produire des informations incorrectes ou trompeuses et qu’ils ne doivent pas être utilisés sans validation humaine pour des usages critiques.
Les institutions académiques et les organismes de régulation vont dans le même sens. Plusieurs études soulignent que les modèles de langage produisent des réponses plausibles mais non garanties, notamment dans les domaines spécialisés comme le droit, la finance, la santé ou la technique.
Autrement dit, la traduction automatique par IA est un outil, pas une garantie de fiabilité.
Beaucoup de bruit pour rien : une promesse surestimée
La situation actuelle rappelle fortement la formule de Shakespeare, Much Ado About Nothing. Beaucoup de discours, beaucoup d’enthousiasme, mais une réalité plus nuancée.
La traduction par IA n’est pas inutile. Elle est efficace dans certains cas précis. Mais elle n’a pas remplacé la traduction humaine professionnelle, contrairement à ce qui a été annoncé.
Le marché ne s’est pas effondré. Il s’est recentré.
Le retour vers les agences de traduction professionnelles
Depuis plusieurs mois, des agences comme Alpis constatent un phénomène clair : des clients qui avaient basculé massivement vers l’IA reviennent vers des solutions humaines. Ils recherchent :
- de la fiabilité,
- de la cohérence terminologique,
- une expertise sectorielle,
- une responsabilité contractuelle,
- une vraie confidentialité des données.
Ce retour n’est pas idéologique. Il est pragmatique. Les entreprises ont testé. Elles ont mesuré les risques. Elles ont ajusté.
Le véritable avenir de la traduction
L’avenir de la traduction n’est pas un affrontement entre humain et intelligence artificielle. Il repose sur une complémentarité maîtrisée.
L’IA peut accélérer certains processus, assister la production, faciliter des pré-traductions. Mais la validation finale, l’arbitrage sémantique et la responsabilité doivent rester humains.
Parce que traduire, ce n’est pas seulement transposer des mots.
C’est engager du sens, du droit, de la stratégie et parfois des enjeux financiers majeurs.
Conclusion
Après la déferlante médiatique, le marché revient à une lecture plus réaliste. La traduction automatique par IA a trouvé sa place, mais elle n’a pas remplacé l’expertise humaine. La vague est passée, le métier demeure.
Dans un contexte international complexe, la traduction professionnelle reste un levier de sécurité, de crédibilité et de performance. C’est précisément sur ce terrain que des acteurs spécialisés comme Alpis continuent d’apporter de la valeur.
Sources :
OpenAI – Safety & Limitations Documentation
Stanford University – On the Dangers of Stochastic Parrots (Bender et al., 2021)
MIT Technology Review – Why AI Hallucinations Are a Feature, Not a Bug
Harvard Business Review – When AI Gets Language Wrong (2023–2024)
European Commission – Liability and AI-generated content